L'un des préceptes du karaté-Do est :
Le mental prime sur la technique.
Voici une anecdote sur Bokuden qui illustre cela :
Les trois fils de Bokuden
Un jour, un célèbre maître de sabre, Tsukahara Bokuden, alors qu'il recevait la visite d'un autre grand maître, voulut mettre ses fils à l'épreuve.
Pour commencer, il fit appeler Hikoshiro, l'aîné des trois.
En ouvrant la porte du coude, celui-ci la trouva plus lourde qu'à l'accoutumée et, en passant la main sur la tranche supérieure de la porte, constata qu'on avait disposé, en équilibre, un lourd appui-tête en bois. Il l'enleva, entra puis le remit exactement comme il l'avait trouvé.
"Voici mon fils aîné, dit le maître en souriant, il a très bien saisit mon enseignement et il sera certainement un jour maître de sabre".
Bokuden fit alors venir son fils cadet, Hikogoro. Quand celui-ci poussa la porte, l'appui-tête tomba mais il le rattrapa en vol et le remit à sa place.
"Voici mon second fils, dit le maître, il lui reste beaucoup à apprendre mais il s'améliore chaque jour."
Bokuden fit enfin appeler Hikoroku, son benjamin, le meilleur, et de loin, au maniement du sabre. Le jeune homme poussa puissamment la porte et l'appui-tête tomba, heurtant son chignon. En un éclair, il dégaina le sabre court qu'il portait à la ceinture et trancha l'objet avant qu'il ne touchât le tatami.
"Voici mon plus jeune fils, dit le vieil homme, c'est le benjamin de la famille, il lui reste une très, très longue route à parcourir."
L'histoire de Bokuden
Bokuden est né en 1489, au début de la période Sengoku dans la famille Yoshikawa dans la province de Hitachi à Honshū à l'est du Japon.
Sa famille est l'une des quatre familles karō (officier et conseiller samouraï de haut-rang) servant le clan Kashima, l'une des branches cadettes de la maison impériale du Japon (descendante de l'empereur Kanmu).
Il est né sous le nom de Tsukahara Shin'emon Takamoto, mais fût adopté par la famille Tsukahara, affiliée au clan Kashima, et nommé Tsukahara Bokuden Takamoto.
Bokuden étudie le style Tenshin Shōden Katori Shintō-ryū auprès de son père adoptif et perfectionne ensuite ses compétences en débutant son musha shugyō (errance ascétique du samouraï), traversant le Japon en s'entraînant avec la plupart des meilleurs sabreurs reconnus de son époque. Tsukahara Bokuden est un véritable "chevalier errant" car il est né noble et riche mais a parcouru le Japon, souvent accompagné. Il systématise plus tard l'enseignement des arts martiaux locaux de la région de Kashima, notamment les approches au combat Kashima no tachi et Ichi no tachi. Après avoir supposément reçu une inspiration divine de Takemikazuchi no kami, la divinité du Kashima-jingū, il appelle son art martial Kashima Shintō-ryū (en) sauf pendant une brève période où il le nomme Mutekatsu-ryū (« gagner sans les mains »).
La légende de combattre sans les mains
Le célèbre Maître Tsukahara Bokuden traversait le lac Biwa sur un radeau avec d'autres voyageurs. Parmi eux, il y avait un samouraï extrêmement prétentieux qui n'arrêtait pas de vanter ses exploits et sa grande maîtrise du sabre.
A l'écouter, il était champion toutes catégories du Japon. C'est ce que semblaient croire tous les autres voyageurs qui l'écoutaient avec une admiration mêlée de crainte.
Tous ?
Pas vraiment, car Bokuden restait à l'écart et ne paraissait pas le moins du monde gober cet amas de sornettes. Le samouraï s'en aperçut et, vexé, il s'approcha de Bokuden pour lui dire :
- "Toi aussi tu portes une paire de sabres. Si tu es samouraï, pourquoi ne dis tu pas mots ?"Bokuden répondit calmement
:- "Je ne suis pas concerné par tes propos. Mon art est bien différent du tien. Il consiste, non pas à vaincre les autres, mais à ne pas être vaincu."
Le samouraï se gratta le crâne et demanda :
- "Mais alors, quelle est ton école ?"
- "C'est l'art de combattre sans armes."
- "Mais dans ce cas, pourquoi portes tu des sabres ?"
- "Cela m'oblige à rester maître de moi pour ne pas répondre aux provocations. C'est là un défi de tous les jours."
Exaspéré le samouraï continua :
- "Et tu penses vraiment pouvoir combattre avec moi sans sabre ?"
- "Pourquoi pas ? Il est même possible que je gagne !"
Hors de lui le samouraï cria au passeur de ramer vers le rivage le plus proche, mais Bokuden suggéra qu'il était préférable d'aller sur une île, loin de toute habitation, pour ne pas provoquer d'attroupement et être plus tranquille. Le samouraï accepta.
Quand le radeau atteignit une île inhabitée, le samouraï sauta à terre et dégaina son sabre, prêt au combat. Bokuden enleva soigneusement ses deux sabres, les tendit au passeur et s'élança pour sauter à terre, quand, soudain, il saisit la perche du batelier, puis dégagea rapidement le radeau pour le pousser dans le courant. Bokuden se retourna vers le samouraï qui gesticulait dans tous les sens sur l'île déserte et il lui cria :
- "Tu vois, c'est cela l'art de combattre sans arme !"
Après sa mort, le 6 mars 1571, ceux qui se consacrent à l'art du sabre effectuent traditionnellement un pèlerinage au Kashima-jingū qui est considéré comme la maison spirituelle du kenjutsu.
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