Loin du « Havre », en bordure de la galaxie Hollved.
Retrouvez les chapitre 1 et 2 ici : chapitre 1 chapitre 2
De l’extérieur, la taverne était sobre, mais de qualité, bien situé entre le centre de la ville d’Exode et son port spatial. Un individu longiligne enveloppé dans un grand manteau s’arrêta devant l’enseigne clignotante. Il eut comme un instant de réflexion en jaugeant le lieu et entra.
L’intérieur était tout aussi sobre que l’extérieur, mais relativement chaleureux. L’inconnu commanda un plat auprès d’une jeune Erplagme, l’espèce native de la planète ERP, sans même retirer son manteau.
Dans un coin de la salle, un petit groupe d’individus âgés déjeunait en conversant dans le calme. Un colosse insectoïde entra à son tour et s’assit à deux tables de l’individu mystérieux.
Un jeune garçon d’environ dix ans apporta le plat commandé.
— Voici votre plat monsieur, mettez-vous à l’aise, avez-vous froid ? demanda le garçon par souci de bien servir son hôte.
— Non tout va bien ne t’en fais pas petit. Répondit l’intriguant personnage, toujours caché sous son manteau.
— D’accord, bon appétit. Dis l’enfant en croisant le regard de l’étrange personnage.
Il aperçut simplement deux yeux de chat bleu clair luire sous la capuche. Ce regard le perturba et il préféra prendre congé, jamais il n’avait vu un regard aussi glaçant et pénétrant.
L’insectoïde brailla alors :
— Eh petit, et moi tu m’oublies !!! Morveux va, met-moi le plat du jour, je suis pressé !
— Oui monsieur, désolé ! Dis le petit, gêné de la situation.
— Je vous prépare ça tout de suite, monsieur, dit le patron qui semblait être le père du petit, sortant de sa cuisine pour y retourner immédiatement en appelant son fils.
— Ouais, grouille-toi. Lui répondit le client grossier.
L’individu encapuchonné ne put s’empêcher de remarquer que l’insectoïde irrespectueux était armé d’une dague aussi massive que son propriétaire.
L’homme fut rapidement servi par la serveuse, il ne put s’empêcher de la reluquer lorsqu’elle retourna en cuisine. Il lâcha un ricanement pervers avant d’entamer son plat.
Le personnage au regard glacial, toujours emmitouflé dans son grand manteau, ressentit le malaise pesant dans la petite auberge vis-à-vis du client irrespectueux. Il fut servi à son tour, la taverne était peu fréquentée en ce début de cycle, mais bientôt elle serait bondée de monde. Un groupe de musiciens feraient certainement vrombir l’estrade pour égayer la foule et une multitude d’employés se hisseraient surement entre les tables afin de déverser toute sorte de boissons euphorisantes.
Pour l’heure la grande salle était calme lorsque la brute ne raillait pas la bouche pleine ou ne sifflait pas la serveuse gênée.
Ayant terminé son repas, celui-ci regarda encore de manière insistante la serveuse lorsqu’elle passa devant sa table pour aller débarrasser le groupe de personnes âgées qui commençait à sortir un jeu de cartes. Et à son retour il l’attrapa par la taille.
— Eh petite, tu sais que tu me plais toi ? Nos espèces sont compatibles en plus.
La jeune serveuse essayait de se dégager, mais la poigne du goujat était bien trop puissante. Le jeune garçon sorti alors de la cuisine.
— Eh ! Lâche ma sœur toi ! cria-t-il en chargeant le malotru.
L’homme repoussa le garçon violemment de son autre bras, néanmoins, la serveuse put en profiter pour se dégager en lâchant un cri d’horreur en voyant son frère voltiger. Au moment de s’écraser contre le coin d’une table, alors qu’il se préparait à un choc violant, ce dernier ce senti pourtant stopper net et redéposer souplement au sol.
L’individu mystérieux venait peut-être de lui sauver la vie. Il se tourna alors vers la brute et lui dit d’un ton calme et ferme :
— Paie ton repas, va t’en eh ne remet jamais les pieds ici !
— Quoi ? Tu te prends pour qui crevette, dégage lui balança le goujat.
Le père et tenancier de l’auberge venait d’arriver précipitamment dans la pièce. Il appela ses deux enfants pour les mettre à l’abri derrière lui. Le personnage au regard glacial, malgré sa grande taille, semblait bien moins fort que la brute insectoïde. Il s’approcha pourtant de lui et répéta :
— Paie ton repas, va t’en eh ne remet jamais les pieds ici !
L’insectoïde l’empoigna par le manteau et lui jeta un violent crochet. Néanmoins le crochet n’atteint jamais sa cible. La brute hurla de douleur en reculant de deux pas, arrachant le manteau de son adversaire qui venait de lui asséner un coup terrible dans le biceps comme s’il s’agissait d’un geste banal.
Tout le monde fut surpris de l’allure du bon samaritain. L’individu longiligne et élégant n’était autre qu’un elfe des mondes perdus. Une espèce si rare et mystérieuse qu’elle était considérée pour beaucoup comme légendaire. Mais ce n’était pas tout, l’équipement, bien que relativement personnel, était l’équipement typique d’un pacificateur.
— Paie ton repas, va t’en eh ne remet jamais les pieds ici ! répéta, une fois de plus, le pacificateur.
La brute porta machinalement la main à sa dague, mais l’elfe posa immédiatement la pointe de l’une de ses deux épées courtes sur le dos de sa main, l’empêchant de dégainer sans s’embrocher sur l’arme. La lame typique des pacificateurs reluisait d’un ton bleuté sombre immédiatement reconnaissable.
L’insectoïde recula lentement, prit sa bourse jeta quelques pièces sur sa table et sorties sans quitter du regard le pacificateur.
— On se retrouvera l’elfe, ta carcasse et tes lames me rapporteront un paquet de crédits au marché noir. Tu n’as pas idée de qui tu as défié.
Le pacificateur ne répondit pas, il se contenta de tenir le regard de la brute. Quand ce dernier eût claqué la porte, il rengaina son arme et ramassa son manteau. Lorsqu’il se retourna, l’aubergiste et son fils se tenaient face à lui. L’enfant était tout excité.
— Wouah vous êtes trop fort monsieur, vous êtes un pacificateur ? Vous voulez bien m’emmener, je veux être comme vous ? Il se tourna vers son père.
— Tu veux bien papa ? Je te défendrai des brigands quand je serai grand, promis !
L’homme était interloqué ne sachant quoi répondre à son fils.
— Nous ne prenons que des orphelins, répondit sèchement le pacificateur, et je ne m’embarrasse pas du recrutement à titre personnel.
Le personnage sortit alors quelques crédits d’une poche pour régler son repas.
— Laissez monsieur, je vous invite. L’interrompit l’aubergiste.
— J’ai les moyens de payer, les pacificateurs ne font pas de dettes, ce n’est pas dans notre intérêt.
L’elfe posa ainsi les crédits sur sa table. Il remit son manteau et prit la direction de la sortie avant de s’arrêter au comptoir pour griffonner quelque chose sur un papier.
— Avertissez le conseil judiciaire de cette altercation qu’ils surveillent votre quartier. Personnellement je décolle ce soir, mes affaires sont closes ici. Connaissez-vous maître Tao ?
Le petit garçon boudait, tête basse, déçue de cette réponse froide et négative. Son père répondit :
— Oui, enfin de réputation, c’est un maître du combat rapproché réputé dans la cité.
— Adressez-lui votre fils dès demain avec ce mot. Déclara l’elfe en tendant le papier à l’Erplagme. Il vous apportera une protection le temps que ce brigand passe à autre chose. C’est un test idéal pour ses disciples avancés. Et l’un de ses assistants devrait pouvoir initier votre fils pour voir s’il peut devenir un guerrier. Le conseil judiciaire recrute régulièrement chez Tao.
Sans même attendre une réponse, le pacificateur sorti de l’auberge. Il examina les environs avant de s’engager dans la rue.
Exode commençait à s’animer. Ses habitants sortaient peu à peu du travail, les appareils de transports commençaient à s’accumuler dans les axes autoportés, et le quartier, aux premiers abords calme et serein, allait bientôt prendre un bain de foule. Exactement le type de situation que fuyait l’elfe pacificateur. Il prit donc la direction de ruelles étroites et peu fréquentées afin de rejoindre son vaisseau avant d’être envahies par cette cacophonie. Il était déjà à mi-chemin lorsqu’il remarqua un groupe de trois individus à quelques dizaines de mètres de lui. Le groupe ne bougeait plus et il arriva rapidement à leur hauteur. L’ambiance des petites ruelles sombres des quartiers résidentiels tranchait nettement avec l’animation et les enseignes clignotantes en trois dimensions de l’extra-centre d’Exode. De jour le quartier était nettement plus animé, mais à la nuit tombée chacun vaquait à ses occupations intérieures ou se rendait dans les secteurs animés.
L’elfe porta machinalement la main au pommeau de l’une de ses deux mythiques armes. Ce dernier vibrait, indiquant qu’il souhaitait communiquer avec son porteur. Les pressentiments du pacificateur se confirmèrent, il s’agissait d’un guet-apens.
Le guerrier au regard glaçant s’arrêta à quelques mètres du groupe qui barrait le passage. Il reconnut alors distinctement la brute de la taverne qui se tenait campé encadré de ses deux acolytes.
— Je t’ai dit que je te retrouverai. On ne se mêle pas des affaires de la Brume sans conséquence.
— Qui te dit que ce n’est pas moi qui t’ai retrouvé ? répondit calmement le pacificateur avec un sourire mesquin.
L’insectoïde ne releva pas cette parole et leva l’une de ses grandes mains squelettiques. Aussitôt un rayon bleu lumineux jaillit du toit voisin en direction de l’elfe qui dégaina aussitôt ses lames. Le tir fût comme attiré par l’une d’elles, sans surprise le pacificateur profita de disposer de cette énergie pour la projeter sur l’un de ses agresseurs. Ce dernier fut projeté à plusieurs mettre la poitrine transpercée. Un deuxième tir résonna en provenance du toit, l’elfe le frappa violemment de son autre lame, le choc émit un son sourd et le renvoya directement au sniper qui chuta et s’écrasa au sol. Une lame trancha l’air et la chair, la brute vit son dernier compère s’écrouler et cherchait encore sa victime des yeux lorsqu’une vive douleur à l’arrière des jambes lui arracha un cri et le força à s’agenouiller.
— Dis aux grands architectes que c’est Ariliel qui t’envoie à eux.
Sur ces mots le pacificateur trancha la gorge de son agresseur pourtant neutralisé. Un large sourire de satisfaction barrait son visage alors qu’il semblait savourer la mise à mort. Il essuya soigneusement ses lames sur les vêtements de ses victimes avant de les fouiller méthodiquement et de reprendre son chemin comme s’il ne s’était rien passé.
Kenavo
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